Il y a quatre croyances profondément ancrées qui font capoter les entretiens. Forte de dix ans d’expérience en tant que recruteur en entreprise, je connais les questions que posent les recruteurs, les vraies attentes des managers, le fonctionnement et les métiers qui structurent l’entreprise. Depuis, j’accompagne les personnes actives — en passant de l’étudiant au manager — à se développer harmonieusement dans leur parcours professionnel. Je vous ici les quatre croyances qui vous influences inconsciemment, ainsi que mes recommandations pour dépasser ces croyances, développer votre impact et réussir vos entretiens haut la main.
Croyance n° 1 : le recruteur est en position de force
Je remarque très souvent, dans le discours du candidat, que « l’autre » — que ce soit le cabinet de recrutement, le responsable RH ou le manager —, celui qui se tient en face de nous, nous impressionne. Le candidat, qu’il soit un étudiant à la recherche d’une alternance ou d’un stage ou qu’il soit cadre confirmé, subit une grande pression au moment de l’entretien. Il ne cesse d’interpréter la situation à son détriment : « mon interlucteur essaie de me déstabiliser », « il me pose des questions pièges », « il était froid, distant », etc. Tout est prétexte pour valider la croyance que « l’autre » est en meilleure position… Or c’est faux : comme vous, le recruteur subit, lui aussi, une forte pression pour atteindre les objectifs de l’entretien. Il a la responsabilité de :
- honorer l’engagement pris par le cabinet de sélectionner les bons candidats à présenter à son client pour le satisfaire,
- faire en sorte que le responsable RH puisse présenter les bons candidats répondant aux besoins du manager et aux valeurs de l’entreprise,
- satisfaire le manager qui doit choisir le bon collaborateur qui saura faire le job, s’intégrer à l’équipe et correspondre aux attentes de son client, qu’il soit interne ou externe.
Tous ont un enjeu : la satisfaction de leur client, la réussite de leur business. Ils ont un même et seul objectif : faire le bon choix. Ils ont une grande peur : se tromper.
Apprivoisez votre interlocuteur
Pour réussir vos entretiens, ayez de l’empathie vis-à-vis de votre interlocuteur. Essayez de vous mettre à sa place, de comprendre sa réalité, et adoptez une attitude collaborative pour les aider à faire le bon choix. Considérer votre interlocuteur d’égal à égal est la bonne posture pour développer votre impact et réussir vos entretiens.
Croyance n° 2 : parler de ses faiblesses affaiblit
Lorsque j’entraîne les personnes à un entretien, il y a souvent un malaise lorsqu’il faut parler de ses qualités et de ses défauts. Question piège : que faut-il répondre ?… Rappelez-vous que l’objectif de votre recruteur est d’évaluer votre candidature par rapport à un poste, à une mission. Il n’est pas là pour vous piéger ! Le grand réflexe des candidats est d’aller chercher les réponses « à l’extérieur » :
- pour parler de ses qualités, il va tenter de coller aux compétences requises pour le poste ou évoquer des qualités qui ont la côte en entreprise : esprit d’équipe, rigoureux, organisé, etc.
- pour parler de ses points faibles, le candidat va souvent relater des défauts « qui ont leurs qualités », un peu passe-partout : perfectionnisme — pour expliquer que, finalement, on aime le travail bien fait —, exigeant, têtu, etc.
Soyez honnête
Pour développer votre impact et réussir vos entretiens, cherchez vos réponses à l’intérieur de vous : dans vos propres expériences, dans vos ressentis, dans ce que vous avez vécu personnellement, dans ce qu’on dit de vous. Soyez crédible : ces réponses-là parleront de vous — et non de cet idéal que vous avez créé et qui répond aux critères supposés attendus, mais qui n’est pas vous.
Pour être crédible, parlez de vos qualités : ce qui exprime vos forces et manifeste vos réussites, ce dont vous êtes fier et ce que vous avez réussi de manière très concrète ; rappelez-vous les feedbacks de vos managers de vos collègues, de vos amis. Quant à vos faiblesses, elles parlent de vos points de progrès, de ce qui reste à améliorer, de la conscience que vous en avez. Pour évoquer vos faiblesses, pensez à ces expériences où vous avez pris conscience d’un manque, celles qui se sont soldé par un feedback négatif… Ce qui compte, c’est ce que votre prise de conscience génère : qu’avez-vous fait depuis pour vous améliorer ? Que vous reste-t-il à faire pour progresser ? Vos réponses toucheront votre interlocuteur parce que vous jouez la carte de l’authenticité et de l’humilité.
Croyance n° 3 : l’absence de diplôme ou d’expérience peut me nuire
Les personnes qui cherchent un nouveau poste voient le plus souvent ce qui leur fait défaut, ce qui leur manque comme compétences, comme diplôme, comme expérience d’une mission spécifique… Certaines n’envoient même pas leur candidature alors qu’elles seraient légitimes.
Miser sur l’enthousiasme
Pour palier à ce mécanisme d’auto-sabotage, j’invite les personnes à relire l’annonce et à se connecter spontanément à ce qui a retenu leur attention, ce qui stimule leur enthousiasme et les fait s’exclamer : « Waouh, ce job est pour moi ! »
Pensez-y : qu’est-ce qui vous interpelle dans l’annonce ? La mission, les tâches, l’entreprise, le contexte, l’environnement du job, les compétences demandées, la logique de ce poste dans votre parcours ? Écrivez tout ce qui vous passe par la tête sans vous censurer. Focalisez-vous sur les atouts de votre candidature, vos compétences, vos forces, votre valeur ajoutée.
Listez les raisons pour lesquelles vous seriez la personne parfaite pour ce job. S’il vous manque des compétences, des connaissances ou une expérience particulière, acceptez-les. Quand on les évoque en entretien, soyez à l’aise avec vos limites et reconnaissez-les : la perfection n’existe pas ; le mouton à cinq pattes non plus. Réfléchissez et pensez à ce qui vous permettrait d’être efficace malgré tout. En tant que candidat motivé et compétent, songez à vous former, vous renseigner auprès de votre réseau, faire appel à des ressources extérieures… Si vous êtes conscient, honnête et confiant dans vos ressources, vous saurez jongler entre le manque et l’acquis.
Croyance n° 4 : tout se joue pendant l’entretien
Quand j’accompagne des personnes à préparer leur entretien, je les sens souvent tourmentées. Elles se posent beaucoup trop de questions au mauvais moment. Pendant l’entretien, soyez présent à 100 % :à votre interlocuteur : écoutez-le de manière très attentive, faites-le répéter si besoin pour être sûr d’avoir bien compris sa demande, soyez curieux, posez-lui des questions, dialoguez,
à vous-même : connectez-vous à vos ressentis, votre intuition, vos valeurs, soyez cohérent, pensez ce que vous dites.
Le plus important est de créer du lien avec votre interlocuteur, de vous connectez à lui pour lui permettre de se faire une bonne image de vous.
La préparation est essentielle
Pensez à vous préparer avant l’entretien : récoltez les informations qui vous seront utiles sur l’entreprise, sur ses valeurs, son actualité, la mission, l’équipe, le lieu du rendez-vous… Simulez l’entretien pour savoir répondre aux questions essentielles, stratégiques, ainsi que celles qui vous dérangent. Sachez parler de votre projet professionnel, de votre parcours, des changements de postes, de ce qui vous donne de la légitimité. Osez également faire part de vos attentes concernant le poste, le manager, l’entreprise…
Ceci est certainement l’étape la plus importante de l’entretien : prenez conscience de ce qui vous bloque sur une question, de ce qui vous met mal à l’aise, de ce qui vous émeut quand vous l’évoquez… Un licenciement, des échecs à répétition, un manque de reconnaissance, de mauvaises relations avec son ancien manage ou ses anciens collègues, l’enchaînement d’entretiens qui n’aboutissent pas : tous ces différents vécus, et d’autres encore, vous vous affectent inconsciemment le jour de l’entretien. La première chose pour être serein en entretien est donc d’être conscient de ces élément perturbateurs, capables de saboter votre candidature.
Ce n’est qu’après l’entretien — et non pendant — que vous pourrez passer à l’évaluation de votre entretien et imaginer les possible suites. Quelle image avez-vous montrée à votre interlocuteur ? Comment vous avez vécu l’entretien ? À quel moment vous êtes-vous senti à l’aise dans vos réponses ? Ou, au contraire avez-vous pensez être en train de « jouer » un jeu ou de vous saboter ? Qu’allez-vous retenir de cette expérience ? Qu’aimeriez-vous changer ou améliorer ?
À vous de jouer ! Dans cet article, je vous ai fait part de mes observations et des principales croyances qui accompagnent les candidats à leur entretien de recrutement. Ces recommandations peuvent aussi être très utiles pour préparer et gérer l’ensemble de vos échanges professionnels : entretien annuel, rencontre d’un prospect, entretien commercial, etc. Et vous, quels sont les changements que vous avez entrepris pour vous améliorer dans vos entretiens ? Quelles croyances vous limitent encore aujourd’hui et vous empêchent d’apprécier votre plein potentiel ?


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